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Jean-René Lannuzel
Un amiral
Si notre petite commune s’arrogeait le titre de « cité des étoiles », ce serait au regard du nombre d’officiers généraux qui en sont issus, y sont venus, y ont vécu ou encore, de nos jours, qui l’ont choisi pour résidence.
Parmi ceux-ci, il en est un qui mérite peut-être plus particulièrement notre attention c’est l’amiral Lannuzel.
Je laisse au site de l’école navale le soin de rappeler ses états de service, je n’évoquerais, pour ma part, que son lien avec Plougonvelin, commune pour laquelle il avait un fort attachement.
Pour cela je vous propose un peu de généalogie.
Jean René Joseph Lannuzel est né à Brest le 2 décembre 1921 fils de Jean René Joseph Lannuzel et de Marie Yvonne Mescoff mariés l’année précédente, le 8 novembre 1920, à Plougonvelin justement. Il est employé aux chemins de fer à Landivisiau, elle est employée de banque à Brest. Si le père est natif de Plougonvelin (1892), la mère est née à Recouvrance (1898) avec racines maternelles plougonvelinoises.
Le nom Lannuzel est toujours fort bien représenté à Plougonvelin et il faut remonter jusqu’au XVIIIè siècle pour noter que les degrés les plus éloignés de la famille ont la commune voisine de Ploumoguer pour origine. Sur huit arrières grands-parents, un seul étranger venant de ... Locmaria Plouzané ! C’est dire que ses racines sont bien d’ici soulignées par une certaine endogamie dans la branche paternelle.
Dans des « mémoires » destinées à ses petits-enfants, il souligne en introduction deux éléments importants à ses yeux :
le premier est l’impact des conflits modernes pour la France dont le dernier, bien sûr, auquel il a participé ;
le deuxième est « Tous mes grands-parents étaient d’origine paysanne, c’est-à-dire qu’ils travaillaient la terre et que pour vivre, ils en vendaient les produits : blé, pommes de terre, vaches, cochons etc. La richesse d’une famille, c’était la terre ... ».
Ainsi les MAZE venaient de Keryvin, les QUINQUIS étaient à Ty-Baol, les MESCOFF (sa mère) de la commune voisine de Locmaria-Plouzané, les PERROT, de Kernaët qui le font lointain parent de l’un des premiers maires de Plougonvelin ... et de l’abbé Perrot ... les KERRIGUY du manoir du Prédic où plonge ses racines un autre grand marin, Hervé de Porsmoguer, dont la Marine a repris le nom déformé de « Primauguet » pour l’une de ses frégates, enfin, les LANNUZEL de Keryunan avant l’alliance avec les LE BRAS de Kerautret, ancienne terre noble plougonvelinoise, voisine du Prédic, et où naît en 1892 le père du futur amiral.
Il rappelle d’ailleurs à ses petits-enfants : « Le père de mon père, était, lui, le fils aîné ; il était donc responsable de la ferme de Kerautret, là où je vous ai montré un jour des tracteurs, et c’est là que mon père est né. ».
Évoquant ses études à Brest il n’est pas sans rappeler le temps des vacances : « Alors on allait se promener à pied, ou bien on prenait le tramway qui nous menait à Plougonvelin où on allait à la plage ... Mes parents avaient trouvé à Plougonvelin un petit appartement où nous allions passer les vacances tous les ans ... Pour nous, il y avait les devoirs de vacances le matin et la plage l’après midi. J’avais des tas de copains et des tas de copines que je rencontre encore de temps en temps à Brest. Certains ce sont mariés entre eux, d’autres sont morts à la guerre ... Jacques Lambert, un autre Yves Guéna est devenu député puis ministre ...
J’avais la chance d’avoir à proximité toute la famille de mon père et j’allais souvent avec mes parents dans les fermes où je retrouvais des oncles et tantes, des cousins et des cousines. J’y passais souvent quelques jours et, avec mes cousins je m’occupais des bêtes : vaches, cochons, et même chevaux. C’est sûrement là que j’ai acquis cet amour des bêtes que j’ai toujours.
Il y avait aussi la fête de la moisson à laquelle j’ai participé plusieurs fois. Et le soir, tout le monde disait la prière en commun et en breton. Il m’est même arrivé de lire la vie des saints en breton. ».
C’est d’ailleurs, en séjour au Trez-Hir qu’il apprend, par le « Télégramme » écrit-il, son admission à « Navale » en août 1938.
Une nouvelle fois, en 1946, au retour d’une première mission en Indochine : « Pendant ces vacances j’ai dû aller à Brest avec mes parents revoir un peu le reste de ma famille, revoir Plougonvelin qui avait beaucoup souffert de la guerre ... ».
Cette année-là il épouse Madi qu’il a connu à Guingamp : « Nos parents et nos grands-parents étaient heureux, nos oncles et tantes aussi, et certains étaient venu de Plougonvelin portant leur magnifique costume breton ».
C’est d’ailleurs à Perros-Guirec, le temps lui étant compté pour raisons professionnelles, qu’ils effectuent leur voyage de noces. Je me permets ce petit clin d’œil, en raison de mon origine, mais aussi pour avoir rencontré notre personnage en d’autres circonstances. C’est d’ailleurs dans le secteur, à Trébeurden (Ile-Grande), que la famille trouvera la maison de ses rêves : « la Pagaïe » (à prononcer comme l’on veut !)... ce qui le détournera quelque peu du Trez-Hir et Plougonvelin.
Entre temps, une longue carrière maritime, achevée au plus haut grade, à la plus haute distinction, à la plus haute fonction dans la Marine, qu’il a longuement décrite à l’intention de ses petits-enfants, ... ne soyons pas indiscrets, laissons-les dans cette confidence intime, chaleureuse et familiale non sans rappeler ces quelques lignes écrites de sa main en dessous de la dédicace : « Mon père est né à Kerautret. Kerautret a toujours été pour moi un deuxième foyer... » ... là où un jour il mena ses petits-enfants ...
Il fut, entre autres, à l’origine de la construction de ces petits patrouilleurs que dans la Marine on nomme « la Ménagerie » en raison de leur nom exotique : Jaguar, Léopard, Panthère etc. Ils servent toujours à l’entraînement des élèves de l’école navale et nous les voyons encore régulièrement mouiller l’ancre dans la baie de Bertheaume, à la tombée de la nuit ... nous les verrons dorénavant comme un clin d’œil de l’amiral à la terre de ses ancêtres.
Comme preuve de son attachement à cette terre, à sa famille, ses recherches généalogiques en collaboration avec son épouse et ce rassemblement familial des Lannuzel.
« René est à l’origine d’un rassemblement des Lannuzel, le 30 juillet 1995, autour de la chapelle Locmeven, située près de la ferme de Coatinzaos en Ploumoguer, berceau de la famille. Quatre générations et 120 personnes ont participé à ce regroupement, preuve s’il en faut de son attachement familial » écrit l’une de ses parentes ayant participé à cette journée et soulignant, entre autres, le côté fusionnel du couple et la foi toute personnelle de René qui avait fait ses études à l’école de pères Jésuites de Brest.
Ses racines terriennes lui ont appris l’humilité des gens de la terre, le respect des personnes et de la nature, la fidélité à ses idéaux et la force, le courage et le dépassement de soi pour les atteindre » précise encore cette personne qui l’a bien connu et qui est toujours en relations étroites avec son épouse.
Enfin, elle précise : « Un trait de caractère dont il ne se départissait jamais en famille, c’était l’humour qu’il maniait avec art, créant toujours une ambiance gaie »