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Yves Michel (1856-1938)

Maire de Plougonvelin de 1896 à 1920 et de 1925 à 1935

Le 18 mars 1856, à Poulherbet, naît Yves Marie MICHEL dans la ferme de ses parents René Valentin MICHEL et Marie Françoise LE MAO, dernier enfant d’une fratrie de huit. L’histoire familiale rattache cette famille MICHEL à la famille noble des seigneurs de Kervinny (manoir de Plougonvelin). Je n’ai rien trouvé qui accrédite ce lien d’autant plus que cette famille MICHEL ne postule pas à la réformation de la noblesse de 1670. Elle occupe cependant un rang social indéniable, puisque Pierre en 1641 et Valentin son fils en 1663 sont qualifiés d’honorables marchands. Ils sont déjà signalés à Poulherbet qui voit donc une occupation de près de 300 ans par la même famille.

Le 10 octobre 1880, Yves prend pour épouse Marie QUERE. Marie a 18 ans, orpheline et mineure, c’est son aïeule Marie Jeanne HALL qui signe l’autorisation de contracter le mariage. La cérémonie civile est célébrée par le maire Sébastien GILLET à Plougonvelin. Au grand regret des époux, ils n’auront qu’une petite file, Marie Anne qui décède à un mois et 7 jours.

Après quelques études à l’école du village, Yves reçoit la ferme familiale de Poulherbet et est donc cultivateur, une belle ferme d’environ 10 hectares.

Très tôt intéressé par la vie sociale, Yves MICHEL est élu maire, pour la première fois, en mai 1896 (journal La Dépêche, ancêtre du Télégramme du 19 mai 1896). Il succède à Jacques KERIGUY qui vient de passer 10 ans à la mairie. Il est aussi cousin issu de germain (au 3ème degré) de Jean-Marie MICHEL, négociant,, maire de 1884 à 1886, de la branche aînée, du Poulyot.

En décembre 1919, il demande à être relevé de ses fonctions tout en restant à la mairie comme adjoint d’Yves Cloitre. 6 ans plus tard, en décembre 1925, il reprend le siège de maire pour presque 10 années supplémentaires. Il laisse enfin, définitivement cette fois, les fonctions en mai 1935, à Henri LE GOASGUEN, mais reste encore, auprès de celui-ci comme conseiller jusqu’à son décès.

C’est un travailleur infatigable, au service de ses concitoyens qui arrive à la mairie. Jugeons-en ! Il est à l’origine de la création à Plougonvelin de mutuelles agricoles pour le bétail mais aussi incendie. Le 20 octobre 1912, il préside la première Caisse Locale d’Assurance Mutuelle Agricole contre l’incendie (CLAMA siégeant à Landerneau) qui est à l’origine de Groupama. Le 25 janvier 1925, c’est naturellement qu’il en prend la présidence, à la création de la section « accident » de la CLAMA. Suit la même année, la création de la section « bétail » de la CLAMA.

Il lui faut mettre aussi à l’œuvre ses qualités de diplomate lors de l’expulsion des sœurs lorsque, un décret du ministère COMBES, en date du 1er août 1902, prescrit de fermer les écoles libres. Il est vrai que le préfet du Finistère prend les devants le 9 août en adressant aux maires une lettre en laquelle il précise : « … Quoique vous pensiez personnellement, vous avec vous-même le devoir en votre qualité de maire, et vous avez l’obligation morale en raison de votre autorité personnelle, de vous employer à éviter les violences. Je compte sur vous pour assurer l’ordre dans votre commune ainsi que la loi vous le commande ... ».
Dans notre commune, dévote comme cela est fréquent dans le Léon, Yves MICHEL est intimement partagé entre sa fonction officielle et sa fonction de membre du conseil de fabrique de la paroisse. Il joue, avec son adjoint et le recteur, un rôle de conciliateur qui évite peut être le pire mais pas quelques blessés parmi les forces de l’ordre … il faut une compagnie du 19ème de Ligne et 5 brigades de gendarmerie selon la Dépêche de Brest du 15 août 1902, pour mater la rébellion plougonvelinoise. L’inventaire des biens de l’église, dans le cadre de la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, donne quelques sueurs aux intervenants dans plusieurs communes.

L’une des activités les plus pénibles qu’il ait eu à assumer arrive avec la déclaration de guerre du 3 août 1914 : l’une des missions du maire est d’annoncer aux familles le décès de l’un des siens … Il s’occupe des nombreux réfugiés, du ravitaillement, des réquisitions etc. Ces 5 années l’épuisent, en décembre 1919, il demande à être relevé de ses fonctions.

Bien sûr, d’autres activités plus réjouissantes ou anecdotiques jalonnent son parcours, montrant le soin qu’il prend à gérer sa commune.

En 1908, il crée un bureau de bienfaisance grâce au legs d’un particulier.

En 1911, il fixe une taxe d’un franc par an et par mètre carré occupé par les cabines de bain qui feront le charme de la plage selon les uns, seront autant de verrues selon les autres.
La fée « électricité » arrive à Plougonvelin en 1925 après la constitution d’un syndicat intercommunal chargé d’en faciliter le financement à la charge de chaque commune. Alors que l’ingénieur lui propose de procéder rapidement à l’électrification de sa ferme, il refuse, ne voulant pas passer avant les autres habitants.

En 1927, le 12 juin a lieu l’inauguration, à Saint-Mathieu, du monument aux marins morts pour la France par le ministre de la Marine, en présence de hautes autorités dont l’évêque de Quimper. Le 26 mai il fait voter par le conseil municipal une somme de 12 000 F. à prélever sur les disponibilités de la commune pour un vin d’honneur dans un hôtel du Trez-Hir et la location d’une automobile afin de suivre le cortège officiel. A noter qu’il semble bien que ce soit son adjoint, Henri LE GOASGUEN qui prononce le discours … si l’on en croit la carte postale officielle.

Photographie - "La vie à Brest de 1848 à 1948" - Jean Foucher - Georges Michel Thomas - imprimerie Oberthur – Rennes -1976

En 1933, le 22 novembre le conseil vote une demande de subvention à la préfecture pour l’entretien des chemins vicinaux longeant la côte, en raison de la forte circulation automobile étrangère à la commune pendant la belle saison.

Il n’est pas étonnant que l’on ait voulu violer sa modestie ! C’est son conseil qui émet le vœu, le 1er juin 1935 que son maire soit honoré en se voyant attribuer la croix de chevalier de la Légion d’Honneur. La Dépêche du lundi 2 décembre 1935 relate la cérémonie au cours de laquelle, la veille 1er décembre, le sous-préfet de Brest, Jacques HENRY, le décore sur la place de l’église devant la population plougonvelinoise rassemblée et un parterre d’autorités … on va ensuite déposer des fleurs au monument aux morts puis au monument de la pointe Saint-Mathieu, et enfin, pour clore cette journée dont nous parlons encore, le banquet a lieu à l’hôtel Postolec et après maints discours, « … la fête se termina après que l’assistance eut écouté, debout, la « Marseillaise » et le « Bro goz ma zadou ». » … conclut la Dépêche

Le sous-préfet, le maire et le récipiendaire, le chapeau à la main

Après 35 ans au service de Plougonvelin et de ses concitoyens, ayant passé plus de temps à s’occuper de ses concitoyens qu’à soigner ses propres intérêts, il se voit contraint de vendre sa ferme. C’est son successeur à la mairie, Henri LE GOASGUEN qui l’achète à une condition : c’est qu’Yves MICHEL puisse y loger avec son épouse jusqu’à la fin de leurs jours. Trois ans après, Yves décède à Poulherbet le 14 janvier 1938 ; sa veuve le suit le 12 février 1942.

En 1936 Jean Marie LANNUZEL reprend la ferme comme métayer (Yves MICHEL est son grand oncle).

Marie Quéré et Yves Michel en 1936
Chapeau d’Yves MICHEL (Mingam chapelier à St Renan) conservé par son arrière petite nièce Marie-Claude LANNUZEL.

Pierrick Nerzic, son arrière petit-neveu par alliance

Rémy Le Martret, président de PHASE

12 mars 2016