Accueil

Association PHASE

Accueil > Histoire ancienne de Plougonvelin > Plougonvelin et la Révolution > La Restauration

La Restauration

Après 25 ans de révolution et de guerre, Plougonvelin aspire au calme et salue, avec enthousiasme, la Restauration...

(1789-1814)

Il peut sembler curieux de terminer les chroniques sur la Révolution en 1814, mais certains historiens, estiment que Napoléon fut un ’Robespierre botté’, et que c’est insensiblement que le Directoire, puis le Consulat arriva à l’Empire, ne serait-ce que par ’l’épanouissement jusqu’à l’absurde de la centralisation.’ Il y eut cependant, en cours de route, l’abandon de bien des idéaux révolutionnaires.
Napoléon ayant abdiqué le 6 avril 1814, c’est la première Restauration : comme l’écrivent les manuels d’histoire, Louis XVIII revient dans les ’fourgons de l’étranger ’.

Le 8 juin 1814, le maire de Plougonvelin, dès qu’arrive la nouvelle du changement de régime, convoque en assemblée extraordinaire son conseil municipal :

’Le conseil assemblé en vertu de la lettre de convocation lui faite par monsieur le maire, celui-ci lui a exposé qu’il serait convenable, et même indispensable, d’adresser au plus tôt à Sa Majesté Louis XVIII, au nom des habitants de cette commune, une lettre de félicitation sur son heureux retour au trône de son auguste ancêtre, événement qui met le comble aux vœux de tout bon français ; en conséquence le conseil, adhérant aux vues sages de Monsieur le Maire, a arrêté d’un commun accord de s’occuper, (toute affaire cessante), de la rédaction de cette adresse, et a confié ce soin à monsieur le maire que s’en est chargé avec plaisir et adressé à Sa Majesté Louis XVIII la lettre suivante au nom de tous les habitants de la commune de Plougonvelin :

Sire,

« Comme interprète du sentiment des habitants de la commune de Plougonvelin, dont l’administration m’est confiée, j’ose prendre la liberté d’exposer et peindre à Votre Majesté l’allégresse inexprimable des habitants de cette commune en apprenant que la Sainte Providence, après les avoir châtié par une longue série de maux inouïs, a bien voulu enfin les réparer amplement tous, en rendant à ses plus ardents vœux un roi chéri qui sera leur père, leur protecteur et l’objet de leur sincère amour.

Nos bons et fidèles sujets, Sire, sont vivement affligés de se voir dans l’impossibilité de porter par une députation expresse au pied de votre trône les expressions et sentiments d’amour, fidélité, attachement et dévouement sans borne, mais leurs facultés ne leur permettent pas de jouir d’une satisfaction si douce et si honorable ; ils ont résolu de prier monsieur le baron Carné, sous-préfet de l’arrondissement de Brest, de vouloir bien être auprès de Votre Majesté le fidèle interprète de leurs sentiments sincères et de lui témoigner la vive foie dont ils sont pénétrés de l’événement heureux et vraiment merveilleux qui leur a rendu leur légitime souverain, en les délivrant pour toujours de la tyrannie affreuse et honteuse sous le joug de laquelle ils gémissaient et languissaient depuis trop longtemps.

Vos fidèles et respectueux sujets de la commune de Plougonvelin, rendu au bonheur par le retour heureux de leur père, osent espérer, Sire, que Votre Majesté daignera agréer les sentiments d’amour attachement et dévouement inviolable dont ils sont pénétrés pour elle et dont ils ne s’écarteront jamais.

Nous sommes, Sire, de Votre Majesté les plus fidèles sujets. »

Conclusion :

Le ton exagéré et flagorneur peut surprendre, mais le bilan des 25 dernières années est très lourd pour la Bretagne. Voici ce que l’on peut lire dans un ouvrage d’histoire récent, peu suspect de dérive droitière, ’Histoire de la Bretagne et des pays celtiques de 1789 à 1914’, éditions Skol Vreiz : « Le bilan de la Révolution et de l’Empire est donc désastreux ; ruine de son économie maritime, perte de son autonomie politique, divisions approfondies de sa population, gain d’une réputation d’obscurantisme, réduction de sa spécificité par l’État français ».

L’hémorragie d’hommes due aux guerres de la Révolution et de l’Empire est énorme, et le général Canclaux, qui connaissait bien la Bretagne pour y avoir commandé en 1793 déclarait en mars 1814, parlant de la conscription : « Tout a été tiré de cette province »

Ceci explique cela.

Yves Chevillotte