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C’était hier...
"Nous avions, nous dit Jean Gourmelon, trois ou quatre juments suivant les années. A la fin du printemps (juin) nous allions les faire saillir à Tréméal. Il y avait aussi des étalons à Kéryel mais nous étions parents à la famille Le Hir de Tréméal.
Je me rappelle que, dans les années 60, les haras de Lamballe venaient prélever le sang des juments saillies. Ce prélèvement avait lieu tous les dix jours et était réalisé sous la direction de Monsieur Charpy de Bégard, docteur vétérinaire, pour être confié au laboratoire dit "le Collectogramme de Bégard".
Ce sang servait à faire des vaccins et des sérums pour les femmes anémiées et ne pouvant avoir d’enfant.
Le premier prélèvement était fait sur la jument supposée être fécondée trois semaines après la saillie (sachant que le cycle de la jument est de trois semaines).
Le deuxième prélèvement se faisait trois semaines après le premier si la jument refusait l’étalon et si sa fécondité était confirmée par le laboratoire.
Le troisième prélèvement trois semaines encore après.
Le propriétaire de la jument percevait des primes : 1000, 2000, 3000 Francs respectivement au premier, deuxième, troisième prélèvement. Une saillie coûtait 5000 Fr.
Pour ce faire les juments étaient rassemblées chez l’étalonnier. A Kéryel l’opération avait lieu au Goasmeur car le camion ne pouvait pas aller jusqu’à la ferme : la route était trop étroite. On attachait la jument au camion par un double licol.
Pour la tranquilliser une bonne ration d’avoine lui était présentée mais souvent elle se cabrait. On employait aussi un tord-nez dit "ar vinel". Après avoir fait gonfler la veine en utilisant un garrot, l’incision était pratiquée au moyen d’un bistouri spécial, la lancette, "ar lancetes". Les spécialistes prélevaient alors trois ou quatre litres de sang, un cheval en possède trente à quarante litres. En cas de syncope suivie de mortalité une indemnité était versée. Il fallait attendre une demi-heure avant de prendre le chemin du retour, le temps que le cheval récupère un peu de force.
Pour fermer la plaie on employait une épingle spéciale, assez semblable à une épingle de nourrice, ainsi qu’un morceau de crin qu’il fallait nouer d’une façon très particulière. Il y avait des spécialistes de la chose.
On saignait aussi les chevaux quand ils avaient "un coup de sang". Cala arrivait souvent aux chevaux qui passaient l’hiver à l’écurie. Une grande différence de température entre l’intérieur du bâtiment et l’extérieur, une nourriture trop riche en période de moindre activité causaient ces attaques. Des tremblements annonçait un tel malaise, très vite la saignée s’imposait pour éviter une fourbure [1] des membres postérieurs caractérisée par une boiterie qui rendait l’animal irrécupérable pour la monte.
Après la guerre, entre 1944 et 1950, une jument abandonnée par les soldats russes a contaminé les étalons de la région. (Les écuries de Kéryel n’ont pas connu ce problème mais à Cohars les juments ne pouvaient plus être saillies). Les prélèvements sanguins ont été effectués sur toutes les juments de la région pour enrayer l’épidémie. A Plougonvelin cette opération a eu lieu près de la ferme Cloître à Gorréquéar, près du bourg. Cette maladie vénérienne s’appelait la "Dourine".
Près de Kéryel les chemins de boue de terre glaise étaient bénéfiques pour la santé des sabots et des pattes des chevaux. On les y faisait piétiner un certain temps : c’était un cataplasme d’argile. Le lait des juments était efficace pour guérir certaines maladies telle la coqueluche.
Pour une belle présentation du cheval lors des concours on introduisait du gingembre (dit aussi "pebr", poivre) dans le rectum des chevaux. L’excitation qui en résultait les rendait plus fringant, de meilleure allure et laissait espérer une meilleure note !
Renseignements recueillis pour PHASE par H C et B L R. auprès de Messieurs Jean Gourmelon, Nicolas Quéré, Maurice Polin, Louis Bolloré.
Version imprimable[1] congestion et inflammation des pieds du cheval