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Accueil > Histoire ancienne de Plougonvelin > Souvenirs d’enfance... > Un complice du paysan breton, son cheval ! > L’étalonnier !

Directement liée au cheval, une activité aujourd’hui peu répandue :

L’étalonnier !

Il y avait dans les communes rurales, jusqu’à l’arrivée du tracteur, un métier particulier, peu répandu de nos jours : "étalonnier". En effet, si les haras nationaux étaient nombreux, un par canton, ils étaient encore trop éloignés de nombreuses exploitations agricoles. Des éleveurs, propriétaires d’étalons, les étalonniers, agréés des haras nationaux, existaient dans presque toutes les communes, en particulier à Plougonvelin, Le Conquet, Locmaria, Trébabu, Ploumoguer.

Francis nous rapporte que son père, Jean "Keryel", a exercé le métier de 1930 à 1959, puis, père et fils en coopération, jusqu’en 1967.

« Cinq étalons assuraient alors quatre cent cinquante saillies par an, nous dit-il. Cette activité s’étalait de février à juillet, donc sur quatre à six mois. Le choix de l’étalon était à la discrétion du client. Si Dame Nature faisait bien les choses, onze mois plus tard, un poulain venait compléter l’effectif équin de la ferme. Cette longue gestation ne dispensait pas la jument de ses activités puisqu’elle travaillait jusqu’à la naissance.

Un étalon peut, dès ses deux ans et demi, assurer la monte et la poursuivre sa vie durant. La jument possède, elle aussi, une bonne longévité. Mon père rapportait le cas étonnant d’un poulain né d’une mère de 27 ans !

Outre l’alimentation et l’entretien de l’écurie les soins apportés aux étalons étaient astreignants puisque chaque jour, dès le matin, ils bénéficiaient d’un brossage à l’étrille. L’activité de l’étalonnier ne comportait pas beaucoup de temps morts. La présence à la ferme était de tous les instants y compris le dimanche, jour où la clientèle venait souvent en visite. Une convocation en équipe de football à Plougonvelin ne suffisait pas à me dispenser du "tour de service" !

La participation aux concours était aussi un point fort dans la vie de l’étalonnier. Que ce soit à Saint Renan ou, plus loin, à Lesneven, Landerneau les trajets se faisaient à pied. L’arrivée du tracteur, les dernières années où le métier a survécu, a simplifié ces déplacements. Deux étalons par remorque et le convoi pouvait s’acheminer vers les foires ou autres lieux de compétition.

C’est lors du concours de Landerneau que les Haras Nationaux choisissaient leurs acquisitions, cela suffisait à faire son importance. Y être primé était un label de qualité qui faisait la renommée de l’exploitation

Je garde le souvenir ému et des plus flatteurs, de ce concours des environs de 1950 où mon père a présenté cinq étalons au concours. Trois furent primés : 1er Violon, 3ème Bastogne, 16ème Costaud. Ce dernier fut vendu mais les deux autres, gardés chez nous, continuèrent d’assurer une belle descendance, en particulier Bastogne. Il laisse encore chez les anciens un souvenir de reproducteur prolifique.

La valeur de ces animaux justifiait qu’une assurance mutuelle existe entre les professionnels tandis que, pour les juments, seulement la moitié de l’effectif avait cette garantie.

En 1967 le tracteur équipait presque toutes les exploitations, le métier d’étalonnier avait vécu, la reconversion se faisait Bonjour "veaux, vaches, cochons et pots au lait". »