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Le lavoir et la fontaine d’Ar C’holven

Un peu avant la pointe St Mathieu, prenez à gauche vers Kérouman, le Vaéré…

Vous découvrirez "Poull ha Feunteun ar C’holven",

le lavoir et la fontaine d’ Ar C’holven.

Ce lavoir et cette fontaine figurent sur le cadastre de 1841 sur une parcelle non numérotée, ce qui laisse à penser qu’ils étaient communautaires. Ce n’est qu’au moment du remembrement de Plougonvelin, en 1970 qu’ils sont devenus privés. C’est aussi à cette époque que la configuration des lieux a complètement changé. En effet, avant ce remembrement les lieux étaient bien plus encaissés et le chemin, étroit et boueux, beaucoup plus en contrebas. Pour descendre au niveau du lavoir on enjambait le talus et on posait le pied sur une grosse pierre, c’est toujours la même de nos jours.

Les familles des fermes de Kerveur, Kérautret, Kérouman et de Saint-Marzin utilisaient ce lavoir.

Les blanchisseuses des deux premières, emballaient leur linge dans une toile de jute et, quand l’état du chemin le permettait, transportaient le ballot à la brouette (sans bords) vers le lavoir. Sinon c’est sur le dos que le fardeau était acheminé. Solution qui s’imposait à partir de Kérouman car l’accès au lavoir se faisait par un petit sentier qui serpentait dans un champ puis dans une prairie.

L'histoire ne dit pas si, parfois, il arrivait aux lavandières de subir le même sort que le linge et de finir dans le lavoir ! Au vu de cette photo on peut se le demander.

Arrivée au « doué », autre nom du lavoir à l’époque, la blanchisseuse s’agenouillait dans sa caisse à laver, toujours à la même place, sortait son savon, son battoir, sa brosse. Morceau par morceau, elle trempait le linge dans le lavoir, l’étendait devant elle sur la pierre, le savonnait,

prenait une autre pièce et ainsi de suite, le linge s’empilait sur la pierre.

Parfois, on le laissait ainsi tremper un certain temps avant de reprendre l'opération en sens inverse pour le rincer. Le linge blanc (draps, torchons, serviettes, linges de corps) était bouilli.

Près du lavoir, se trouvait toujours un trépied sur lequel on plaçait la lessiveuse. Le fond en était garni de lessive et d’eau recouverts d'un genre de cloche trouée, dans laquelle s'insérait un tuyau. Le linge s’y empilait par couches successives. L'eau de lessive, bouillie au feu de bois, remontait par le tuyau central et arrosait le tout. Parfois aussi, après rinçage, le linge était étendu sur l'herbe de la prairie environnante, pour le blanchir.

Une des lavandières, Madame Le Jourt , se souvient de la dureté du travail, surtout en hiver lorsque l’eau était très froide, ou lorsqu’il pleuvait. Elle se rappelle aussi de la pénurie de savon pendant la guerre. Dans les fermes on en fabriquait avec de la soude et du saindoux. Mais ce produit, hautement détergent, efficace pour le linge, n’épargnait pas les mains, il rongeait l’extrémité des doigts.

Une fois la lessive terminée, le linge mouillé, évidemment très alourdi, était rapporté à la ferme. Le ballot, porté sur le dos, trempait la porteuse, véhiculé à la brouette il nécessitait une forte poussée dans la côte abrupte et boueuse. L’aide des hommes était alors bien appréciée.

Une des courageuses lavandières de Poull ar C’holven
à l'ouvrage dans sa caisse à laver.
Quelques décennies plus tard … Le geste n’est pas perdu….

Au siècle dernier, c’est souvent autour de ces lavoirs que se propageaient les nouvelles du quartier et même de la commune. Les "Radios Lavoirs" ont été les devancières des radios locales…

Ar C’holven a été utilisé jusqu’en 1965 environ. Puis, petit à petit, le lieu est tombé dans l’oubli, au point d’être envahi par les broussailles, l’ensemble passait inaperçu.

Mais, un jour de l’hiver 2005, un courageux bénévole a décidé de redonner vie à ce lieu chargé d’histoires locales. Ces lavoirs et fontaines font aussi partie de notre patrimoine communal comme notre abbaye, nos croix, chapelles, manoirs, forts, batteries, daviers etc. ... Alors ......

("Poull"= Lavoir - "Feunteun"= Fontaine - "Ar C’holven" = le lieu où on lave)

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