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Monstre marin
Janvier 1763.
Lettre adressée aux auteurs du journal Encyclopédique par un officier du Régiment de Royal Comtois au sujet d’un monstre marin, auquel on donne le nom d’homme de mer.
Messieurs,
Quoique on ne doive point s’attendre de la part d’un officier, qui ne s’est jamais attaché qu’au métier de la guerre, à une description exacte d’un monstre marin, telle que Monsieur Buffon et autres excellents naturalistes auraient pu en donner ;
permettez moi cependant dans ma manière de m’exprimer, de vous faire connaître ce monstre : il suffit que ce que je vais vous apprendre soit vrai : si j’avais besoin de témoins, je pourrais vous en citer un très grand nombre ; mais je ne crois point essuyer avec vous, Messieurs, le sort qu’eut l’infortunée Cassandre qu’on n’en crut point sur sa parole.
Notre Régiment cantonné au Conquet, (côte de Bretagne) je voulus passer avec quelques uns de mes camarades au fort de Kermorvan, qui est au bord de la mer, sur un rocher qui forme une petite Isle, lorsque la marée monte et qui en quelque façon est néanmoins séparé du continent par de grosses pierres où les poissons échouent quelquefois, quand les eaux se retirent.
C’est parmi ces pierres que nous trouvâmes hier ce monstre auquel les vieilles gens du pays qui font un métier de la pêche, ne sachant comment le nommer, ont donné le nom d’homme de mer.
Ce monstre est long de douze pieds [1], de la tête à la queue inclusivement.
Toutes ses nageoires auraient de la ressemblance avec nos pieds ou nos mains si les doigts n’en étaient joints ensemble. Il a deux nageoires qui paraissent le caractériser davantage, et qui sont placées à la partie antérieure de l’estomac, elles ont la forme d’une main humaine grande comme celle d’un jeune homme de quinze ans ; on distingue très bien cinq doigts à chacune et chaque doigt a trois phalanges, à l’exception du pouce.
La peau de ces espèces de mains est spongieuse et blanche, au lieu que celle des autres parties est brune et très unie. Les bras au bout desquelles sont ces mains sont tout a fait intérieures.
Le monstre a à chaque flanc une autre espèce de nageoires à laquelle on compte jusqu’à vingt quatre doigts ; et cette espèce de bras auxquels ils sont attachés, répond à l’épaule, si l’on peut s’exprimer ainsi en parlant d’un monstre marin : les bras sont joints dans toute leur longueur par des peaux assez dures, qui laissent entre elles, et entre les bras et le corps une grande capacité qui parait destinée à recevoir l’eau par deux ouvertures, dont l’une est sous la nageoire qui est au bout de ce bras ; et l’autre a son issue dans l’intérieur de la bouche….
Sa bouche n’a rien d’extraordinaire ; on n’a point observé ses viscères.
J’ai l’honneur d’être, etc..
De Mengand
Source : Manuscrits Maurief. Bibliothèque Municipale Etude, Brest.
Confié à PHASE par J.R.
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