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L’Hôtel des Bains

Les engins de démolition s’étaient évanouis dans la nuit. Au matin quelques épaves dispersées sur le sol aidaient le vieil homme à garder souvenance, pour peu de temps encore, d’heures joyeuses très bientôt effacées.

C’est donc ainsi, sans émotion, que résidents et touristes ont vu disparaître le "Marianna", dans ses derniers jours en état d’abandon et de délabrement derrière un panneau publicitaire annonçant, dans ce lieu, la construction d’une "Résidence du Tourisme".
Mais en amont, l’Hôtel des Bains s’accrochait encore à la mémoire de ceux qui le connurent dans sa période de grande renommée et participèrent aux activités qu’il accueillait principalement pendant la période estivale.

Le Trez-Hir, jusqu’aux années 1960, est "territoire brestois". En 1904, Louis Coudurier, dans la brochure "Brest au Conquet" pressentait cet engouement pour nos plages les désignant : "Brest-Plage", ou "Brest-Bains de mer".

La presse innocemment, se fait complice de cette "annexion" ; les événements qui s’y déroulent figurent sous la rubrique "Brest" ou "Trez-Hir", ou "Trez-Hir plage". Sous celle de "Plougonvelin" lorsqu’il s’agit des affaires "du bourg", de celles des "locaux".

"L’ouverture du Grand Hôtel en 1888 allait faire du Trez-Hir la plage de la bourgeoisie brestoise" est-il écrit. Il laisse en effet dans les mémoires le souvenir d’un établissement où l’élégance de la clientèle rivalisait avec le "service de premier ordre" qu’il proposait.
En 1979 il est acheté par le ministère de la défense nationale pour son service social dit : Maisons Familiales des Armées. En 1981, en raison de la vétusté de ses aménagements il est rasé et remplacé en 1983, sur l’espace libéré, par le village de vacances des armées.

L’Hôtel des Bains était plus récent, sa clientèle moins bourgeoise. Sur la carte d’Etat Major on voit le Grand Hôtel, pas l’Hôtel des Bains.
Son histoire commence donc après cette date par la construction d’une maison à usage de Salon de Thé, nommée bien plus tard "La Restauration", reconvertie ensuite en discothèque successivement appelée "Le Kilt", "Le Taoné" et, en dernier lieu, "Le Jaguard". L’Hôtel proprement dit sera bâti à proximité de cette maison désignée sur d’anciennes cartes postales : annexe de l’Hôtel des Bains.

Années "Trente" : L’Hôtel des Bains
Une villa voisine, son annexe

En 1910, la presse fait état d’un monsieur Floch restaurateur au Trez-Hir. Des informations récentes le disent propriétaire de l’Hôtel des Bains, construit depuis peu. En 1925 une dame Floch cédera l’établissement aux époux Postollec qui l’agrandiront vers 1930 et lui ajouteront, cinq ans plus tard, une salle des fêtes. Parmi leurs successeurs figurent Monsieur et Madame Le Bars et Monsieur et Madame Triscoz.

Les années passent, les propriétaires aussi. En 1985 ceux du moment abandonnent l’activité hôtelière ordinaire pour celle d’un Hôtel Club de vacances.

L’enseigne "Club Atlantique" remplace celle "Grand Hôtel de la Plage" installée vers 1970. Elle-même avait effacé le bandeau : "Hôtel des Bains". Le club offre à sa clientèle : l’hôtel, une brasseries pour restauration rapide le midi : le "Mariana", un restaurant pour le repas du soir : le Sanary, un restaurant réservé aux membres du club, et une discothèque : "le Taoné".

La période "Postollec" (1925 - 1952) est celle qu’évoquent avec chaleur, estivants ou résidents de longue date en raison de l’accueil qui leur était réservé et de la variété des occasions à se rencontrer qu’elle favorisait. La lecture des journaux de cette période fait connaître ces occasions.
- Apéritifs officiels lors de l’inauguration du monument aux Marins de St Mathieu, du congrès national des anciens combattants, des rallyes ou gymkhana automobile, des régates de voiliers, courses de hors-bord ou de ski nautique, etc.
- Banquets : remise de la légion d’honneur au maire Yves Michel, anciens combattants, personnalités du tourisme, "repas de noce" etc.
- Soirées dansantes : bals costumés avec cotillons, ou ordinaires, du comité des fêtes, pour l’élection de la reine du Trez-Hir, concours de danse, du syndicat d’initiative, qui lançait à cette occasion une tombola dotée d’un premier lot de valeur. Par exemple en 1952, une voiture "Aronde", en 1953 une chambre à coucher, en 1961 un appartement F4 dans un immeuble brestois, après le "repas de noce", etc.
- Soirées musicales, en général de bienfaisance, Très souvent au bénéfice de familles de marins endeuillées.
- Théâtre, cinéma et variétés animés par des artistes notoires, galas de judo, radio-crochet, etc.

Pendant quelques années, approximativement la décade 1953-1965, la clientèle disposait d’un mini-golf remarquablement aménagé dans le jardin, sur l’arrière du bâtiment, et partiellement en façade. Un ruisseau y serpentait, enjambé par un petit pont, de nombreuses balles s’y sont perdues

Aujourd’hui, le ruisseau est canalisé, il finit toujours son cours dans la partie sud de la plage.
"C’était une époque et cette époque est finie" constate un journaliste qui ajoute : " le Trez-Hir n’est plus cet endroit privilégié que les grandes familles brestoises avaient choisi pour villégiature. Elles ne sont plus seules à profiter du célèbre microclimat. Aujourd’hui, la clientèle qui se bronze sur le sable fin de la plage est plus diverse mais reste bon chic bon genre". Elle a aussi d’autres moyens pour se distraire ou se rencontrer, ceux de notre temps.

Alors l’Hôtel des bains ?... Rangeons le dans la boite à souvenirs, Les bons !

Confié à PHASE par Jacques Rongier.

Le coeur du Trez-Hir au 20ème siècle

Cependant, avant de "ranger" l’Hôtel des Bains dans la boite à souvenirs et que le couvercle ne soit verrouillé et aussi peut-être pour ranimer des instants de gaieté, d’insouciance, de plaisirs, vécus par ceux qui y ont eu leurs "vingt ans", offrons nous cette petite rétrospective par l’image en remerciant toutes celles et ceux qui nous ont transmis ces documents.

De 1925 à 1952 M. et Mme Postollec gèrent l’établissement. L’accueil de Madame y est des plus chaleureux et Monsieur règne en maître talentueux aux fourneaux.
Les soirées animées, les bals, réjouissent les estivants mais aussi la jeunesse plougonvelinoise.

L’image le révèle, garées sans ordre sur la dune, de nombreuses voitures amènent au Trez-Hir nombre de visiteurs.

Ecrite en 1932 par Edmond Novince "La valse du Trez-Hir" donne bien le ton et l’ambiance "Ô Trez-Hir plage heureuse".
M. et Mme Albert Le Bars prennent le relais en 1952. Le coeur du Trez-Hir bat toujours de plus belle !
Dès son installation M. Le Bars crée dans les dépendances de l’établissement un superbe minigolf.

Le minigolf occupait le jardin sur l’arrière de l’hôtel et longeait la partie sud de l’immeuble. Les deux derniers trous étaient aménagés en façade côté sud.

Vue de l’arrière du bâtiment. Un petit pont enjambe le ruisseau qui traverse le jardin.
Les derniers trous. En arrière plan une petite guérite en bord de rue Viennoiseries, glaces, bonbons

Ambiance !...Eté 1956, "Suzy et son orchestre", trois musiciens sont à demeure à l’hôtel pour la saison. A midi et en soirée ils animent l’apéritif, les samedi et dimanche soirs place à la danse. Dans la salle des fêtes (bâtiment construit en 1935), Suzy et ses deux accompagnateurs sacrifient encore à la valse et au tango mais, déjà, slows et rocks ont plus largement les faveurs des danseurs.

Fin d’après midi sur la dune. La fine équipe de "La Brestoise" livre bataille aux jeunes plougonvelinois très pacifiquement. Le filet de volley ball est juste devant l’hôtel.&

Par l’intermédiaire de Suzy et de ses acolytes, "Les Cangaceiros " annoncent leur descente de la montagne "gens des vallées gardez vos filles dans vos maisons", Ô ! Ô ! Les Cangaceiros, Ô ! Ô ! Répond l’écho !...

Les rythmes, un brin exotiques, accompagnent smaches et contres acrobatiques des joueurs.

En 1957, M. et Mme Triscoz, venant de Ouessant, prennent la suite de M. et Mme Le Bars et poursuivent, dans le même esprit que leurs prédécesseurs, la gestion des lieux. Ils cèdent l’établissement en 1964 à M. et Mme Goussay.

Originaire de Sanary, M. Pamart achète l’Hôtel des bains en 1970 (?) et change l’enseigne, voici le "Grand Hôtel de la Plage".

Il installe dans la salle des fêtes le restaurant "Le Sanary", et transforme "La Restau" en discothèque : "Le Kilt".

En 1973, M. et Mme Quillien prennent la suite de M. Pamart. Ils agrandissent l‘hôtel en le dotant d’un grand bar et d’un vaste salon, c’est le "Mariana".

"Le Kilt", lui aussi agrandi, devient "Le Taoné", puis, acheté par M. Gourmelon "Le Jaguard".

C’était hier ...
C’est aujourd’hui !

H.C. et Y. A. pour PHASE.

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