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Les cafés du Haut du bourg

- 1 Le Café de Bretagne, Le Carillon, l’Univers

- 2 Le café-tabac de Mademoiselle Marie-Louise Cloître.

« Chez Mimi »

- 4 Le Café de Madame Jannig Mengant : « Chez Jannig »

- 3 Le café de Madame Désirée Raguénès, « Chez Dédé la pompe »

Le haut du bourg. Cliquer pour agrandir

En blanc, les bistrots disparus

1 Le Café de Bretagne, Le Carillon, l’Univers

Lors de sa construction en 1899 par M. Corfa, bijoutier brestois, l’immeuble qui abrite l’actuel café "L’Univers", était un hôtel. Vendu à un boulanger, de Brest lui aussi, un débit de boissons y fut créé. Le 8 décembre 1943, M. et Mme Michel Le Coz arrivant de Ouessant, où ils exploitaient l’hôtel restaurant "Le Roc ar Mor", achètent l’affaire qui était gérée, en location, par Mme Malgorn.

Les nouveaux propriétaires tiendront le "Café de Bretagne" jusqu’en 1960, année où leur fils Jean et son épouse Jacqueline prennent la suite. Ayant acquis en 1970 la licence du bureau de tabac, Jean et Jacqueline Le Coz géreront le café-tabac jusqu’en 1980. M. et Mme Henri Quéméneur leur succèdent dans l’établissement qui devient "Le Carillon". D’autres gestionnaires suivront. Aujourd’hui, tenue par Mme Françoise Le Coz, nom prédestiné ( ?), l’affaire est devenue "L’Univers".

Jacqueline garde en mémoire les événements qui amenaient un flux important de clients. Les trois messes du dimanche, les mariages et enterrements, le pardon qui durait plusieurs jours et pendant lesquels, manèges, jeux de casse-boites, tombolas foraines, tirs rompaient le ronron monotone du village.

M et Mme Le Coz et leur fille Marie-Thérèse devant le Café de Bretagne (1945.)

Au mois de juin, à la Saint Jean, la jeunesse s’attardait sur la place autour du traditionnel feu, les rires aigus des filles effarouchées perçaient la nuit comme les étincelles jaillissantes du brasier crépitant.

Tous les quatre ans la cérémonie de confirmation rassemblait bon nombre de familles. Venu de Quimper, l’évêque s’agenouillait sur un prie-Dieu sur la place

avant d’entrer dans l’église en procession avec le clergé et les paroissiens.

Le vin blanc doux, le vin rouge, le champagne breton (cognac ou rhum avec de la limonade) étaient les principales boissons servies. A cette époque, les anciens percevaient leurs retraites tous les trimestres. Pour certains d’entre eux c’était l’occasion de faire la fête, ils la prolongeaient souvent en s’offrant, sur le pouce, un petit casse-croûte à base de sardines à l’huile et de vin rouge au litre !

Confié par Jacqueline Le Coz et Marie-Thérèse Dol.

2 Le café-tabac de Mademoiselle Marie-Louise Cloître.

« Chez Mimi »

Le commerce de Mademoiselle Cloître occupait, au numéro 1 de la rue de Bertheaume, les locaux de l’actuel "Crédit Agricole’", place de l’église.

Yves et Marie Cloître, cultivateurs à Gorréquéar, avaient créé cet établissement en 1914 et confié la gestion à l’une de leurs filles, Marie-Louise. Cette dernière, connue de tous sous le diminutif de Mimi, en devint propriétaire exclusive en 1938 et le resta jusqu’à son décès en 1970.

C’était certes un débit de boissons, mais il était aussi bureau de tabac, épicerie, mercerie. Les agriculteurs pouvaient s’y procurer les engrais ainsi que certaines graines et semences et y vendre le blé de leurs récoltes que rachetaient les minotiers.

Dès les années trente, accompagnant le développement de l’automobile en milieu rural, un poste de distribution d’essence avait complété l’ensemble.

Jusqu’à la création d’un bureau de poste à Plougonvelin, au milieu des années 1950, l’agence postale, installée dans un minuscule espace, figurait aussi dans la liste des services disponibles dans l’établissement. Poste de téléphone public, l’agence était équipée d’un "standard" par lequel s’établissaient, manuellement, les connexions des abonnés plougonvelinois avec leurs correspondants.

Les après messes du dimanche marquaient, avec les autres événements célébrés à l’église, enterrements et mariages en particulier, les moments forts de l’activité commerciale.

Le bar, Melle Cloître et Germaine Talarmin.

Ces jours là, dès leur entrée dans l’établissement, de nombreux hommes se pressaient au comptoir à tabac. Ce dernier, grillagé, n’ouvrait sur la clientèle que par une petite façade d’à peine un mètre. Chacun y faisait, souvent en tabac "gris" et feuilles à rouler, sa provision pour la semaine. Jusqu’aux environs de 1955 le tabac à chiquer avait encore de nombreux amateurs. Deux variétés étaient proposées, l’une en long, la "carotte" (ar garotez), l’autre en rouleau (ar roll). Elles étaient découpées en morceaux de 10 à 12 centimètres qui, le samedi soir, avaient été pesés, emballés et marqués de leur prix afin de faciliter le service du lendemain.

A cette même époque, quelques clientes venaient, discrètement en semaine, se procurer des petits paquets cubiques comme ceux du "gris" à fumer, mais de taille plus réduite : le tabac à priser ! Une bonne prise était réputée "dégager le cerveau", chasser les maux de tête et de dents, atténuer la toux etc...

En 1992 l’Europe a interdit la consommation du tabac à priser dans les pays de l’Union.

Le petit bureau de tabac. A droite, la petite balance pour le tabac à chiquer.

La foule masculine se répartissait ensuite, par tablées, dans la salle de l’arrière boutique. Litres de vin et verres ballons, disposés sur les tables de 4 à 6 personnes, les y attendaient. Libérés du silence imposé à l’église, baignés dans la convivialité des "tablées", peut-être aussi, un peu échauffés par "La grappe fleurie", nectar qu’ils partageaient, les convives laissaient monter le ton des conversations où, chez les plus anciens, le Breton rivalisait avantageusement avec le Français. Nouvelles de la semaine, état d’avancement des travaux agricoles, arrangements pour organiser l’entraide, variations des cours des différentes denrées, supputations sur l’évolution des conditions météorologiques, les sujets les plus divers alimentaient les conversations. Le brouhaha bientôt s’apaisait, les clients évacuaient la salle et se retrouvaient sur la place de l’église après avoir traversé la boutique où, agglutinés autour du bar, d’autres groupes trinquaient en échangeant un vigoureux "Yec’hed mat".

Les équipes se séparaient, se reformaient, différentes ou non. Visiter un autre café s’imposait... La descente du bourg offrait le choix

Documentation : M. C. Cloître, G. Séité-Talarmin, Y. Allain.

3 Le café de Madame Désirée Raguénès,

« Chez Dédé la pompe »

A l’origine, le bar était tenu par le propriétaire Alexis Jézéquel. En 1947, monsieur Yves Le Moign de Goasmeur devient locataire des murs et gérant du café. En 1953, il cède la place à Désirée Raguénès qui, pendant 17 ans de 1953 à 1970, sera la tenancière du bistrot dit : « Dédé la Pompe ».

En 1970, la maison fut vendue à Pierre Marc qui y tint les bureaux de la Caisse Rurale. Après avoir été banque pendant un certain temps, l’ancien bar change une nouvelle fois de destination et est aujourd’hui, depuis 1995, propriété de Mme Monot, fleuriste à l’enseigne "Nymphéa".

« Le nom, "Dédé la Pompe", nous dit Désirée, a été donné à mon bar par un jeune client (André Cloître) qui venait y jouer au billard. C’est la présence, à proximité, d’une pompe à eau, publique, actionnée à la main, qui décida de cette appellation. »

Le réseau de distribution d’eau n’était pas encore réalisé à Plougonvelin. Jusqu’aux abord des années soixante dix de nombreux particuliers, démunis de puits, venaient, qui avec son broc qui avec ses seaux, actionner la pompe à bras pour puiser le liquide vital.

« Le café était ouvert tous les jours, poursuit Désirée, la fermeture légale se faisait à 22h30. Les boissons servies étaient surtout le vin rouge et la bière, car les gens n’étaient pas riches. Pour les anniversaires et les fêtes exceptionnelles les clients commandaient parfois du champagne breton ou du Ricard.

Le dimanche, à la sortie des trois messes, il n’était pas rare de voir une trentaine de clients en même temps se presser dans le bar, beaucoup venaient des environs de Saint Mathieu. L’après-midi était plutôt réservée aux jeunes attirés par le billard.

Souvent aussi, dans la soirée, après avoir été dans les fêtes des communes voisines, ils se retrouvaient chez moi pour un casse-croûte tout simple : pâté Hénaff, sardines, pain et boisson etc... L’ambiance était excellente et toujours très gaie, il n’y a jamais eu de bagarres.

En semaine, d’autres manifestations religieuses amenaient aussi beaucoup de clients. Pour le pardon de la paroisse, début août, la fête foraine durait trois jours et là, c’était la folie, surtout le dimanche.

J’avais aussi des clients attitrés, les pensionnés de la commune qui, après avoir touché leur retraite, venaient en dépenser une partie en équipe. Le bistrot était aussi le rendez-vous des maquignons, des marchands de porcelets etc… qui aimaient se retrouver pour parler affaire. »

Confié par Désirée Raguénès.

4 Le Café de Madame Jannig Mengant : « Chez Jannig »

En 1922, Jeanne Mingant, dite Jannig, avait acquis le café de la "rue Recteur Moal", baptisée ainsi après la guerre 1939/45, en souvenir du recteur Joseph-Marie Moal décapité par un obus le 8 septembre 1944. Mais il faut savoir que cette rue s’appelait auparavant rue Adèle comme l’attestait, il n’y a pas si longtemps, l’inscription qui figurait sur une pierre de l’escalier situé au pignon du restaurant « Au Gré du Vent ».

Jannig avait acheté ce bar de licence IV à sa tante Thérèse Perros mariée à Guenaël Mingant, et l’a tenu jusqu’en 1954, soit 32 ans. Une alimentation complétait l’activité du café. A la fermeture la licence fut vendue à Madame Soizic Hall.

La sortie des messes amenait beaucoup de clients de la campagne. Après la première messe, plusieurs d’entre eux arrivaient munis de leur casse-croûte et commandaient une chopine en guise de petit déjeuner. Pendant un temps, les clients du cinéma tout proche venaient se désaltérer à l’entracte.

Une équipe de fidèles, s’adonnaient régulièrement à leur passion : les cartes, tels Jean Guéna, les frères jumeaux Olivier et Goulven Quéré, Jules Milbéo qui, pour chahuter, enlevait volontiers son oeil de verre pour le plaisir de Bébert Le Coz qui, chaque fois, lui lançait : « Tu as l’air de quoi maintenant ».

René Le Maux devant le café, décoré, de sa grand’mère le jour de la fête Dieu.

Pendant la guerre le commerce fut bombardé comme le reste du bourg, la famille dût aller habiter rue du Lannou mais Jannig a continué à ouvrir le dimanche afin de conserver sa licence.

A la bonne vôtre !

Yvonne Le Maux se souvient entendre sa mère raconter que l’ancienne propriétaire, sa tante Thérèse, possédait une vache qui devait traverser le café pour rejoindre sa crèche, faute d’accès extérieur. Très souvent, la tenancière devait suivre avec une pelle la charmante bête car elle avait pour habitude de lâcher sa crêpe en plein milieu du bistrot.

Le même jour, rue Recteur Moal. Mme Mingant et Mme Le Maux portant son fils.

_ Confié par Yvonne et Albert Le Maux